Lectures poétiques et lectures performées

Chaque année, dans le cadre de la semaine de la francophonie et de la langue française, différentes activités sont programmées afin de faire découvrir ou redécouvrir toute la beauté de la langue de Molière. Au programme des déclamations, des lectures publiques et des ateliers d’expression orale et surtout des soirées slam.

Ce style musical en pleine expansion allie lecture poétique et performance scénique. Comme il séduit un large public, il s’invite un peu partout pour de beaux moments de poésie partagée. Avant le slam, on connaissait tout simplement les lectures poétiques et les lectures performées. Ici, nous vous proposons de découvrir les différences et similitudes entre ces deux types de lectures.

La lecture poétique

Comme l’écrivait Jacques Roubaud, la poésie n’est pas faite pour être lue, mais pour être relue. Cette affirmation est due au fait que le plus souvent, la poésie se révèle le mieux, lors d’une lecture publique. Ici, se produit en quelque sorte, la rencontre entre deux intimités en éveil. La première est celle du poème en lui-même et la seconde est celle du lecteur du poème.

Pour pénétrer les esprits lors des lectures poétiques, il faut une écoute et une réécoute, car entendre des poètes lire peut affaiblir la réception des textes. Mieux capter l’attention et permettre une meilleure perception du texte, suppose que le poète soit capable de rendre vivant son texte. C’est dans ce cadre qu’on assiste, depuis les années 70, à un grand développement des lectures publiques de poésie marqué par une revalorisation de l’oralité. La poésie doit vibrer pour être entendue et perçue dans toutes ses dimensions.

La lecture performée

Type de lecture poétique publique, la lecture performée (encore appelée lecture-performance) est effectuée en utilisant les codes de performance scénique. Ainsi, l’auteur d’une lecture performée peut avoir recours aux techniques du théâtre et à l’art de la scène pour présenter son texte. On passe du verbe au jeu.

Par contre, la performance scénique dans ces cas là n’est qu’un accompagnement et la littérature tout comme la poésie demeurent au premier plan de la présentation. Autrement dit pas de flonflon, ni de superflu, la mise en scène et la performance restent au service du texte lu.

La lecture performée peut prendre différentes formes. Elle est susceptible d’être déambulée, amplifiée ou tout simplement projetée sur fond sonore. En ce sens, la lecture performée est une réelle création qui se distingue ou s’écarte du texte initial.

Les différentes techniques de voix utilisées en lecture performée

Pour donner vie et tonus à la poésie présentée lors d’une lecture publique, le lecteur peut faire usage de différentes techniques qui permettront d’accrocher l’auditoire et surtout de transmettre l’âme du texte. Ainsi, il peut moduler la vitesse d’élocution avec un jeu d’assonances phonétiques pour faire ressortir et retenir des passages vivants. A contrario, il peut aussi faire preuve d’une lecture frénétique et répétitive pour plutôt mettre l’accent sur des détails importants à imprimer dans les esprits (pensez à certains spectacles de Lucchini et vous allez tout de suite comprendre).

Le ton de la voix peut, également, permettre de maintenir le lien avec l’auditoire. Par exemple, pour capter toute l’attention, il est possible de baisser le ton tout en s’exprimant clairement ou au contraire crier pour réveiller le public et insuffler un sentiment de surprise. 

Les moyens d’accompagnement utilisés

Il est à souligner qu’une lecture performée ne se limite pas à la modulation de l’élocution et de la voix. Il peut encore être fait usage de moyens techniques. Ces derniers permettront d’amplifier les effets de la présentation.

Par exemple, vous pouvez entrecouper les lectures de sons diphoniques comme dans les chants de la tradition orale mongole ou habiller la performance de bruitage et autres effets visuels. Également, il est possible de préenregistrer sa voix et entrecouper les lectures ou lire en décalé afin de vous permettre de reprendre du souffle.

Chez les slameur, le texte est souvent lu de manière plus brute et la recherche de rythme se fait bien plus sur le texte et autour des mots. Toutefois, toutes ces technologies peuvent s’avérer utiles et il peut les ajouter à sa panoplie pour enrichir ses performances.